des arbres produisent les fleurs avant les feuilles
fleurissent
puis dispersent les pétales au vent
messages adressés àroses ou blanches souvent
roses ou blanches pourquoi
juste une observation
du mois d’avril
se dire dans ce cas
fleurs avant feuilles**
noté en marge du feuillet manuscrit sans date1
au printemps
puis encore
de printemps
ces derniers mots comme une échappée
écrire contre le vent
non retenus dans la version finale ci-dessus
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Feuillet manuscrit retrouvé sans date, sans la mention du lieu, parmi les papiers épars en cours de classement ce dimanche 12 août 2012. Cet écrit oublié correspond à une impression restée un souvenir vivace. Des arbres avaient fleuri dans le jardin public en bas de l’immeuble de Clichy. Bien entendu, cela évoquait les haïkus de saison, les cerisiers en fleurs du printemps japonais ou du jardin de La Bourdonnière. Une rafale de vent avait suffi pour que toutes les fleurs se retrouvent par terre, tapissant le gazon de rose et de blanc. Les arbres étaient soudain à nouveau nus, sans feuille. J’ai donc noté cette sorte de flash sur le papier. Mais pourquoi terminer par cette phrase : écrire contre le vent. Je ne me souviens plus du cheminement, inconscient ou pas, qui m’avait amené à écrire ces mots lourds de sens à la suite d’une notation factuelle. C’est pourtant bien une rafale de vent qui est à l’origine de l’observation. Cette phrase de conclusion, écrire contre le vent, devait travailler mon inconscient lorsque j’ai entrepris les Carnets du vent. Dans le calepin ouvert à Montbrun, en juillet 2012, l’expression « contre le vent » revient trois fois, notamment sous la forme : l’arbre marche contre le vent. Il y a peut-être une lecture oubliée, comme une trace qui se réactive en gommant l’origine.
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Robert Crémieux / des arbres produisent / Carnets du vent / Clichy / dimanche 12 août 2012