Les communistes parisiens se sont prononcés à 57% pour l’union avec le PS au 1er tour des municipales. Nombreux sont ceux qui ne manquent pas de faire part de leur incompréhension devant ce vote qui contredit le discours de désaccord du PC sur la politique du gouvernement socialiste. Il prend à contrepied, avec tout le relief que peut avoir la position d’un parti lorsqu’il s’agit de la capitale, les nombreux accords du Front de Gauche, souvent PC compris, conclus un peu partout dans les villes grandes ou petites, pour participer à des listes de rassemblement de la gauche et des écologistes sans le PS.
Bien plus, ce vote brouille la lisibilité non seulement des objectifs du Front de Gauche, qu’il réduit à n’être qu’un rassemblement électoral à la carte, mais aussi donne une image illisible de ce que veut aujourd’hui le PCF. En clair, choisit-il la social-démocratie blairiste au pouvoir ou ses alliés du Front de Gauche ? Qui peut répondre à cette question ? La direction du PCF est-elle encore majoritaire dans son parti ? Le vote parisien, loin de conforter son orientation pro-PS, est au contraire porteur de plus d’ambiguïtés que de réponses.
A regarder de plus près les résultats, on constate une division des communistes bien plus qu’une approbation des thèses de Pierre Laurent. Celui-ci a mis tout son poids dans la bataille à Paris. Son orientation n’a été pourtant approuvée qu’à 67% par la direction de la capitale. Laquelle a également mis tout le poids de l’appareil pour n’obtenir à l’arrivée qu’un petit 57%, soit 10% en recul par rapport au vote de la direction.
En résumé, un communiste sur deux dans la capitale n’est pas d’accord pour aller à la bataille avec le PS. Pas de quoi mener une campagne dynamique sur de telles bases. Anne Hidalgo a du souci à se faire avec de tels alliés. Dans les villes, où le PS a choisi de mener la bataille contre le maire communiste sortant, il va être difficile d’argumenter pour convaincre que la direction nationale du PC n’a pas fait le choix de laisser le champ libre aux appétits socialistes.
Quant aux villes où le choix du PC n’est pas encore fait entre le rassemblement à gauche et le ralliement au PS, le message est clair : faîtes comme vous le sentez mais surtout en privilégiant la préservation des sièges plutôt que la clarté politique. Avec ça, le Front de Gauche est mal barré, alors qu’il a suscité des attentes légitimes. Comment va-t-il après ça mener une campagne tant soit peu crédible pour les élections européennes, dès la fin des municipales ? Nous expliquera-t-on à nouveau que le danger de la droite, et surtout de l’extrême-droite, qui est encore plus réel aux européennes, exige une liste d’union avec le PS ?
La confusion politique du PC fait courir le risque de nouveaux Brignoles pour toute la gauche. Il va falloir ramer deux fois plus pour expliquer aux électeurs, là où la gauche se rassemble dans la clarté, que les enjeux locaux ne peuvent servir de rideau de fumée au renoncement d’une partie de la gauche. Retroussons nos manches.
Robert Crémieux
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