Le futur de l'Europe sous le condominium - Merkozy ?
Franchement, cette carte, je voudrais bien que ce soit un (bon) gag. Mais à regarder de près la réalité des évolutions politiques en Europe ces derniers mois, il semble bien que la réalité rejoint le gag. Grèce, Italie, Espagne... les gouvernements (contestables et contestés) cèdent la place à des techniciens plus ou moins banquiers ou leurs fondés de pouvoir.
Tout se passe comme si à la faveur de la crise les fauteurs de crise s'en servait pour prendre le contrôle des opérations. Qui mieux, en effet, que les banquiers peut juger de ce qui est bon pour sortir les banques de la crise ? La crise est un alibi commode pour faire sauter les derniers verrous qui empêchent les actionnaires de décider directement des politiques économiques à leur unique profit.
Sarkozy l'a bien compris. Dans un échange avec des étudiants de Strasbourg, il a récemment vendu la mèche au détour d'une de ses réponses. Comme il s'agissait d'un débat avec questions - réponses, d'une part Sarkozy ne pouvait tout contrôler dans ses propos ; d'autre part sa réponse était noyée dans une "performance" live de près de deux heures qu'il fallait décrypter. Certains ont eu cette patience, merci aux débatteurs du Forum des droits de Nanterre, organisé par Gauche citoyenne, qui m'ont mis sur la piste de la citation suivante :
"Je pense que la crise, qui fait beaucoup de souffrance, qui crée du chômage, ce peut être pour notre pays une opportunité de prendre des mesures qu'il n'aurait jamais accepté en dehors de la période de crise."
Nicolas Sarkozy, mardi 8 novembre 2011
Cette pensée du président-candidat n'est pas tout à fait originale. Mais elle a le mérite de dessiner clairement une stratégie. Il s'agit non de combattre la crise et ses effets (sur lesquels il n'oublie pas de s'apitoyer) pour faire passer la contre-réforme. Tétanisés par les désastres en cours et les conséquences prévisibles, les citoyens ne seront pas en mesure de s'opposer au démantèlement des acquis sociaux, des services publics et de la solidarité sous toutes ses formes.
Tout cela est bon à savoir. Un citoyen averti en vaut deux...
Robert Crémieux
Note : la totalité de l'échange en vidéo sur le site des discours présidentiels. Vers la 81ième minute...
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