La droite ne gagnera pas la municipale à Clichy. Bien entendu, elle va faire ses voix au premier tour. Mais elle perdra au second. Je n’ai pas le don de prophétie et je n’ignore pas que sur la base des résultats nationaux et de l’élection départementale récente, la droite se voit déjà à la Mairie. Il est vrai aussi qu’avec une tête de liste incolore, inodore et sans saveur, la droite joue les passe-murailles et désarme les critiques. Mais je maintiens : la droite ne gagnera pas. Et cela pour deux raisons. D’une part parce qu’elle affiche un programme qui ne se distingue guère de celui de Catoire et de l’actuelle liste PS. D’autre part parce qu’elle compte sans la principale nouveauté de ce scrutin : à gauche, une autre liste peut arriver en tête au premier tour.
Derrière l'image lisse, la droite revancharde et arrogante du département
Il est intéressant de lire ce que dit M. Muzeau dans son tract annonçant sa candidature. Il écrit :
« Avec l’arrivée de la Cité Judiciaire, le prolongement de la ligne 14, l’aide du département et l’élan du Grand Paris, nous allons apporter aux Clichois 1000 nouveaux logements, un nouveau groupe scolaire et relancer les commerces. »
C’était déjà le programme de Catoire, c’est celui de son successeur. Il s’inscrit sur des réalisations qui n’ont rien à voir avec l’action ni de l’un ni de l’autre (Cité judiciaire, ligne 14, Grand Paris) pour promettre à quelque chose près ce qui est déjà programmé. Et qui de toute façon ne répondra pas aux besoins de la population actuelle de Clichy. La ville a besoin de transition écologique, de mesures sociales permettant de faire reculer les inégalités, de plus de démocratie.
Ce que M. Muzeau ne dit pas, c’est que derrière ce qu’il appelle « l’aide du département » se profile la mise au pas d’une ville populaire qui fait tache à côté de Neuilly, Levallois. Le projet est de normaliser la commune avec le concours des promoteurs en cassant le logement social trop important sur la ville à leurs yeux.
C’est exactement ce qu’a fait M. Balkany à Levallois après sa victoire sur l’ex-municipalité de gauche. La droite mènerait dès sa victoire une épuration sociale pour en faire une ville de plus pour les riches. La situation géographique de Clichy, son extraordinaire proximité avec Paris, en font une proie de choix. Le lendemain de la victoire de la droite, les prix du mètre carré flamberaient.
Pour éviter ce scénario de catastrophe sociale, il faut à Clichy une perspective de vrai changement à gauche. L’équipe de l’ex-Maire sortant n’est pas crédible sur ce point. Ni son programme d’ailleurs, qui promettait monts et merveilles et qui, appliqué depuis un an, n’a fait que se couler dans la perspective technocratique du Grand Paris et de son urbanisme de zonage territorial et d’apartheid social : les riches d’un côté, le peuple le plus loin possible en multipliant les trajets pour qu’il puisse (malgré tout) se rendre au travail.
Pour que le peuple de gauche clichois croit un vrai changement possible, il faut que la liste Clichy Citoyenne arrive en tête au premier tour et soit en situation de rassembler au second. La gauche est encore majoritaire sur la ville si les abstentionnistes de gauche se rendent aux urnes. L’écrasante majorité des lecteurs de cette chronique pense que c’est possible. Il reste trois semaines pour convaincre.
Robert Crémieux
**
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.