Pique-nique à Levallois !
« Ô temps, suspens ton vol. » Non, je rigole. Mais je me mets à la place des candidats qui consultent fébrilement leur montre. Même Le Monde qui ignore de toute sa hauteur ce qui se passe dans notre ville titre aujourd’hui : « Jour d’élections municipales à Asnières et Clichy-la-Garenne ». Mais qu’est-ce qui s’passe ? Au passage, je remarque qu’il faut être snob pour écrire comme Le Monde « Clichy-la-Garenne ». Il n’y a pour les habitants que Clichy. La Garenne, c’est pour les nostalgiques de l’ancien régime.
Ainsi que je l’annonçais dans ma précédente chronique, j‘ai fait ce midi un saut à Levallois pour l’opération #OccupyDGSI. Manifester devant la DGSI sous forme de pique-nique, je trouve ça réjouissant pour la démocratie. Enfin, c’est inquiétant d’avoir à manifester de plus en plus souvent pour simplement défendre la démocratie mais tant qu’à faire, j’aime bien le pied-de-nez au pouvoir policier cette dérision.
Au vu du nombre de gendarmes mobiles et de policiers en civils ou non qui ont été mobilisés rue de Villiers, il semble bien que les organisateurs aient touché un point sensible. Mes confrères journalistes étaient nombreux parmi les présents et au premier rang des adhérentes du Syndicat National des Journalistes (SNJ). J’ai posé la question à l’une d’elles : pour quelles raisons est-elle là, un dimanche, dans ce coin paumé de la banlieue chic, à agiter le drapeau de son syndicat ? Réponse de la journaliste interviewée :
« Pourquoi pas ? C’est un espace public ici, non ? Mais à vrai dire, je ne suis pas là que pour la loi renseignement qui menace de restreindre les libertés et la liberté de la presse. Il s’agit pour moi de protester aussi contre toutes ces attaques que l’on subit de la part du gouvernement. La loi renseignement elle-même est lourde de conséquences pour les journalistes, déjà que c’est compliqué d’avoir accès aux infos, en particulier lorsqu’il s’agit des entreprises… »
Voilà, voilà. Demain je serai fiché, grâce aux lois d’un gouvernement PS, mon blog clicho-clichois sera répertorié, black-listé, archivé parce que soupçonné de soupçons comme aurait dit Coluche. Non, je rigole. Mais ça pourrait arriver.
En attendant, je passe ma soirée de retraité potentiellement et policièrement soupçonnable au KAMU. Un café avec un nom pareil, c’est suspect, non ?
Robert Crémieux
@cremieuxrag
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