345 000 chômeurs en moins ! Vous avez bien lu. Et c'est l'UNEDIC qui le dit. Ce chiffre ne pouvait pas tomber mieux, à la veille de l'ouverture des négociations pour le renouvellement de la convention d'assurance chômage. Mais attendez la suite : il s'agit d'une prévision à l'horizon 2012 - 2014. Et c'est le bureau de l'UNEDIC qui avance ces chiffres divinatoires, pour ne pas dire franchement mensongers. À moins que ce ne soit une plaisanterie ?
Cela du moins va permettre au Figaro de titrer sans le moindre remords de clavier sur "des prévisions encourageantes". La madame Soleil de l'UNEDIC, tant qu'elle y est, "prévoit" une autre bonne nouvelle : "le nombre de demandeurs d'emploi indemnisés serait réduit de 235000 à fin 2014". Là, les prévisionnistes ont sans doute raison. Hélas. Car ce n'est pas une bonne nouvelle. Comme on le sait, les chômeurs de longue durée, dont la proportion augmente dramatiquement, arrivent tôt ou tard en fin de droits. Et là, pour le coup, bonne nouvelle pour les finances de l'UNEDIC, ils ne sont plus indemnisés !
Bonne nouvelle pour bonne nouvelle, cela devrait permettre de faire passer l'endettement actuel de l'UNEDIC, qui est de 11 milliards, à "seulement" 6,7 milliards d'euros fin 2014.Pourquoi tant d'acharnement dans la bêtise économique direz-vous. Pourquoi annoncer AUJOURD'HUI 345 000 chômeurs de moins en 2014 et "seulement" 6,7 milliards d' de déficit à la même date avec de tels accents triomphalistes ? (remarquez que 345 000 chômeurs de moins en 2014 cela signifie que l'on reste globalement dans un chômage de masse aux environs de 4 millions de chômeurs pour qui sait compter). Oui, pourquoi ?
La réponse a filtré dans la presse ces derniers jours. La majorité des partenaires sociaux, Medef en tête, ne veut surtout rien changer au système actuel. Donnant la parole à la patronne du Medef le 19 janvier dernier, le journal économique Les Echos écrivait :"Alors que la renégociation de la convention d'assurance-chômage s'ouvre lundi, la présidente du Medef, Laurence Parisot, a indiqué hier que le Medef souhaite « principalement reconduire le cadre actuel » et qu' « il n'est pas question d'innovations radicales ». La ligne est fixée.
"...pas question d'innovations radicales ?" Et pour cause : depuis qu'au début des années 2000 le patronat a méthodiquement mis en place sa "refondation sociale", il ne veut pas aujourd'hui, sous la pression de la crise, ouvrir la moindre discussion qui pourrait compromettre la régression sociale qu'il a imposé. Alors que des mesures d'urgence seraient nécessaires, alors que les personnes en fin de droits sont jetées à la rue par l'UNEDIC, alors que la durée d'inscription à Pôle emploi s'étire, alors que la précarité du travail devient la norme, il ne faudrait rien dire à l'occasion d'une négociation sociale ? La bonne blague. Silence dans les rangs !
Force est de constater à ce jour que la révolte ne gronde pas côté syndical (mauvaise digestion de l'affaire des retraites ?), que les politiques se taisent ou tiennent des propos mal informés sur le sujet et que les propositions ne font pas les soirées des plateaux télés.
Dans ce désert médiatique, politique et social, la pétition lancée par le Mouvement National des Chômeurs et Précaires (MNCP), "Négociations UNEDIC : pas sans les chômeurs !" a le mérite d'exister. Depuis quelques jours qu'elle a été mise en ligne, des sites web de tous horizons (démocratiques) la reprenne. C'est une lueur d'espoir, pour que tout ne se passe pas dans les coulisses feutrées du siège du MEDEF où ont lieu les négociations. On peut trouver la pétition à signer sur le site du MNCP.
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