Le conseil municipal de Clichy a connu mardi 26 mars un
événement peu ordinaire : le budget 2013 présenté par le Maire Gilles
Catoire a bien failli être mis en minorité. Il n’a réuni qu’à peine la moitié
des voix des conseillers.
Le détail s’établit ainsi :
Pour : 22 voix (PS 8 voix, PRG 5 voix, PSR 6 voix,
Divers Gauche 3 voix, + Alvine
Moutongo-Black).
Contre : 18 voix (FDG 3 voix, EELV 3 voix, PCF 3 voix,
LO 2 voix, UMP 4 voix, Modem 2 voix).
Astention : 1 voix Modem ; refus de vote : 2
voix UMP/UDI
On lira ci-dessous les deux interventions du groupe "Pour une Alternative Sociale Citoyenne
et Ecologiste", composé d'élus du Front de Gauche et d'Europe Ecologie
Les Verts de Clichy, celle d’Aïssa Terchi et celle de Marie-Claude Fournier.
On y lira les raisons du choix politique fort consistant à
voter un budget qui ne correspond plus aux orientations de la liste de gauche
élue et avec laquelle le maire a rompu, faisant le choix d’autres alliances et
orientations politiques à droite.
Aïssa Terchi (conseiller municipal Front de Gauche - Parti de
Gauche) :
Monsieur le Maire, Cher(e)s collègues,
Il s’agit de débattre et de voter ce soir, le budget 2013 de
notre ville, sans doute le dernier de cette mandature, mais aussi le premier
depuis l’élection de François Hollande.
Il revêt donc un caractère tout particulier d’autant plus
que la crise économique, sociale et écologique frappe de plein fouet notre
pays, entrainant licenciements, désindustrialisation.
Il y a un an donc, même si nous n’avons jamais caché notre
réserve, l’espérance d’un changement permettant d’améliorer la vie était bien
réelle.
Aujourd’hui, une part très importante de l’électorat qui a
porté la gauche au pouvoir est traversée par des sentiments d’inquiétude voire
de colère. Les résultats de l’élection législative partielle dans l’Oise où le
taux d’abstention record à 67%, l’élimination de la candidate PS dès le premier
tour, avec un candidat UMP qui l’emporte de justesse face au FN ne révèlent-il
pas le malaise profond qui traverse les
politiques anti sociales du gouvernement à rebours des attentes populaires ?
Qu’il s’agisse des retraites, de la protection sociale, des
allocations chômage et familiales, des crédits pour la formation
professionnelle ou ceux alloués aux collectivités locales, de la TVA, il ne
s’agit que de régression. La stratégie économique du Président d’aider les
entreprises avant de relever le pouvoir d’achat laisse de nombreux français en
difficultés et en attente de changement, rappelons que le pouvoir d’achat a
baissé de 0.2% tandis que les dividendes du CAC40 ont cru de 5%.
Aborder cette question dans le cadre de notre débat n’est
pas dénuée de sens, au contraire : nous sommes aujourd’hui contraints de
présenter un budget d’austérité imposé dans le cadre nationale de réductions
sévères des dépenses publiques. Cela se traduit par une nouvelle ponction de 6
milliards d’euros sur les crédits publics utiles ; après la suppression de la
taxe professionnelle sous la droite, le gouvernement a décidé d’achever les
collectivités locales les privant de ressources pourtant si vitales au moment
où le chômage explose. A Clichy, c’est 4 millions d’euros en moins pour les
recettes de la ville cette année et des coupes dans chaque secteur pour
équilibrer le budget. Pour la 4ème année consécutive la DGF diminue.
D’ailleurs, il est clairement dit dans le rapport que « les collectivités locales n’ont
d’autres choix que de s’adapter et de réduire leurs dépenses de fonctionnement
». C’est pourquoi notre regard sur ce budget ne peut se déconnecter des
stratégies nationales mais aussi de nos réalités locales depuis le basculement
de notre majorité de gauche et votre alliance délibérée avec les centristes et
la droite.
Vous faîtes le choix contraint de réduire le budget de
fonctionnement ce qui correspond à moins de services publics rendus à la
population. Quelques chiffres pour illustrer l'austérité dans les faits: Le
budget du CCAS 2008 s’élevait à 1.4M, il est constant en 2013. Parallèlement,
on compte de plus en plus de chômeurs et bénéficiaires du RSA à Clichy,
rappelons que plus de 40% de la population n’est pas imposable. Nous ne pouvons
accepter, alors que l’inflation n’a cessé de grimpé, ne pas donner les moyens nécessaire
d’une politique sociale ambitieuse et à la hauteur des enjeux actuels.
Deuxième illustration, le budget de la caisse des écoles
baisse d’1 million d’euros depuis 2008. (2008 : 2.9M ; 2013 : 2M)
Certes, il y a eu des
transferts de personnels, mais les besoins dans les écoles sont criants, et
nous ne nous satisfaisons pas de cette lecture partielle des chiffres qui
révèlent aussi des disparités entre écoles.
La question du personnel est aussi centrale en ces temps de
cure d’austérité et nous le savons, le personnel communal se présente
systématiquement comme une variable d’ajustement : - 8M d’euros sur ce budget
depuis 2008. (Charges de personnel 2008
: 62M 2013 : 54M). Moins de moyens pour
le personnel c’est aussi le gel des salaires des fonctionnaires ajouté à des
conditions de travail de plus en plus difficiles pour faire face à l'explosion de la précarité et des citoyens relégués toujours plus loin
de la vie locale.
La baisse de 2.3 millions d’euros des dépenses réelles de
fonctionnement est aussi un autre signe de la politique d’austérité.
Le faible niveau d’emprunt cette année (5M) est bien
révélateur du ralentissement de la capacité d’investissement de la ville… c'est
en outre l'expression d'une vision équilibrée et ambitieuse pour notre ville :
l’absence de PPI, ni un PLU pourtant
âprement voté n’auront permis pour ce mandat de faire émerger de projets
structurants et durables pour notre ville… c’est non seulement une faillite
économique puisque nous attendons toujours les investisseurs des pays du Golfe,
mais aussi politique parce que vous avez clairement fait basculé la majorité en
vous alliant avec le MODEM et l’UDI.
Marie-Claude Fournier (Conseillère municipale Europe
Ecologie- Les Verts)
Monsieur le Maire, comme nous l’évoquons très souvent, l’un
des problèmes majeurs auquel vont être confrontées à moyen terme les
générations futures est le dérèglement climatique et le réchauffement de la
planète. Cette réalité implique des investissements massifs notamment dans
l’isolation thermique des bâtiments en vue d’économies à terme compatibles avec
un Plan Climat, et donc conforment à ses engagements de réduction de GES et de
diminution des coûts d’énergie pour les ménages. Aucune politique volontariste
soutenue par des budgets conséquents n’est prévue dans ce budget.
Par ailleurs comment ne pas être en colère quand on sait que
le protocole d’accord sur le chauffage urbain qui a été négocié par vous et
avalisé par le Conseil Municipal ne prévoit que 2 millions d’euros de dédommagement
pour Clichy-Habitat alors que les top perçus sont de 27 millions pour cet
organisme et rien pour la ville et les copropriétés alors que les trop-perçus
sont évalués à 100 millions d’Euros ? Si au lieu de plier devant SDCC-Suez nous
avions exigé simplement notre dû, nous aurions pu engager un plan de la rénovation thermique. Ce plan
massif de rénovation énergétique - c’est bon pour le pouvoir d’achat – par la
réduction des factures d’énergie, c’est bon pour la planète – par la réduction
des émissions de gaz à effet de serre pour respecter nos engagements pour le
climat, et c’est bon pour l’emploi sur notre territoire car nombre d’entre eux
sont non-délocalisables »
Monsieur le Maire, vous continuez d’affirmer, comme vos
partenaires de droite, que la sécurité doit être une priorité de nos politiques
publiques. Avec un budget de fonctionnement de 8.2M et 678 100 euros en
investissement qui correspond à l’installation de nouvelles caméras, il s’agit
de pratiquer une véritable diversion politicienne, à quelques mois des
prochaines municipales. Une fois de plus, notre groupe se trouve en total
désaccord avec ce budget et l’orientation prioritaire que vous en faîtes.
Nous préférons en cette période où la précarité s’accroît
soutenir les associations, leurs actions et leurs emplois, car elles sont nos
partenaires nécessaires à la dynamique clichoise et ont une véritable utilité
économique, sociale et parfois environnementale. Sur ce point et dans les mois
qui viennent nous serons très attentifs aux situations rendues difficiles du
fait des restrictions remettant en cause leurs missions et les éventuels
emplois.
Monsieur le Maire, nous considérons que le changement doit
se faire autrement… du local au national… sortir de la crise implique de
s’attaquer avec courage à cette réalité de classe en répartissant les richesses
produites, autrement, dans le cadre d’un processus de transition écologique de
l’appareil productif, et consommés sous d’autres modes.
Sans doute s’agit-il ici du dernier budget de votre mandat !
Pour notre part, nous en tirons un triste bilan, ponctué d’absence de projets
urbains, de crise et trahisons politique.
Parce que nous ne cautionnons pas cette politique de
régression sociale, et parce que nous voulons donner un sens à la construction
d’une alternative à l’austérité, enfin parce que nous ne pouvons accepter sous
un gouvernement de gauche ce que nous refusions sous la droite, nous voterons
contre ce budget.
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