Ces jours-ci, j’ai répondu à un tweet qui de façon fort sympathique appelait à soutenir « la liste d’union Clichy Citoyenne ». Bien entendu je remercie encore pour ce soutien. Mais au-delà, la formule m’a interpelée. Je n’ai pas le sentiment d’appartenir à une « liste d’union ». Et même, c’est tout le contraire de l’action que j’ai menée depuis deux ans pour que cette liste Clichy Citoyenne voie le jour. Qu’entend-t-on par « liste d’union » ? Traditionnellement il s’agit de l’accord de deux ou plusieurs partis politiques. Un cartel où chaque organisation parle et agit en tant que tels. À Clichy, nous avons constitué une liste sur une base différente.
Citoyens, partis politiques : une association gagnant-gagnant
Dès le départ, il s’agissait de réunir, uniquement dans la perspective de l’élection municipale, un certain nombre de citoyennes et citoyens n’appartenant à aucun parti politique ainsi que des membres d’organisations politiques. Essentiellement à l’époque les écologistes EELV et des membres du Front de gauche, dont le PG et quelques communistes à titre individuel. Cela n’a pas été simple. Certains souhaitaient même que ce rassemblement soit uniquement citoyen, c’est-à-dire ne fasse pas apparaître les appartenances politiques.
Ce n’est pas l’option qui a été retenue. Le logo de Clichy Citoyenne, avec les logos de partis politiques qui sont associés, est une bonne vitrine de ce que nous essayons de faire. Il y a ensemble des citoyennes et des citoyens et la participation de partis politiques. Depuis l’origine, lorsque nous prenons une décision importante, nous réunissons une assemblée ou chacun a le droit de parole et de décision. Nous recherchons un accord par consensus plutôt que par un vote. Et les partis politiques, composantes de l’assemblée, n’interviennent pas pour dire : « le parti pense que… » puisque chacune et chacun s’exprime à titre individuel. Nous avons donc réussi à fonctionner non sur la base d’un cartel mais de ce qu’on peut appeler une assemblée citoyenne.
Paris, manif du 1er mai
Certains, dont je suis, souhaiteraient aller plus loin et que ce type de rassemblement politique devienne la base d’une plateforme régionale et nationale. L’évolution politique en Espagne avec le rassemblement et les succès de Podemos sont à mon avis un exemple à suivre et pas seulement sur la base d’une commune isolée. Clichy ne se pose pas en modèle mais en expérience positive dont on peut tirer des leçons sur le plan national. Nous ne sommes pas tout à fait seuls. Il y a un an, la ville de Grenoble a vécu une expérience similaire avec succès. D’autres tentatives sont menées. Et même si la situation n’est pas tout à fait mûre pour les généraliser, elles se multiplient.
Clichy ne peut pas rester un îlot à contre-courant de pratiques politiques dominantes qui rejettent cette forme de rassemblement. Il est important pour la suite que notre expérience obtienne des résultats, fasse bouger les lignes. Pour une part, quand on voit les personnes participant à Clichy Citoyenne, nous pouvons être satisfaits du chemin accompli en peu de temps. Il reste des obstacles, notamment pour conforter la place des citoyens non membres d’une organisation politique. Il nous faut également passer le cap d’échéances politiques – telles que les dernières élections européennes où les prochaines régionales – qui se déroulent selon un scénario qui ne favorise pas le processus engagé. Il n’empêche, nous avons passé quelques écueils avec bonne fortune. Quoi d’autre ? dirait un acteur célèbre engagé pour faire la pub d’une marque que je ne citerai pas.
Robert Crémieux
@cremieuxrag
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