3 questions sur la Marche des chômeurs
- Quel est l'objectif de la Marche et quelles sont les forces qui la porte ?
Des millions de personnes vivent quotidiennement des situations de plus en plus difficiles, sans perspective. Elles ne peuvent pas attendre une hypothétique « inversion de la courbe du chômage » ! Il y a une urgence sociale à laquelle le gouvernement doit répondre. Pas en 2014 ou 2016. Aujourd’hui !
La proposition de Marche par le MNCP a d’emblée été reprise par APEIS, AC !, DAL, les syndicats Sud emploi /Solidaires et SNU Pôle emploi /FSU. Les chômeurs, chômeuses et précaires sont à l’initiative et au centre mais ils ne peuvent faire entendre leurs propositions de mesures d’urgence que par un mouvement social plus large, porté aussi par les salariés/es et toutes les catégories sociales à qui le Medef veut faire porter le coût social du chômage. Depuis plusieurs mois une plate-forme revendicative commune a été mise en avant dans diverses actions. La Marche vise à hausser le ton et d’autres acteurs sont appelés à nous rejoindre.
- Comment mobiliser les chômeurs et précaires au-delà des rangs de nos associations ?
Contrairement à certaines idées ambiantes, les chômeurs, chômeuses et précaires ne sont ni moins ni plus résigné/es que les autres catégories de la population. Mais ils attendent de nous des réponses et des perspectives. D’autant qu’ils ont été stigmatisés, désignés comme bouc émissaire depuis des années. La Marche vise des résultats concrets, elle doit être porteuse d’espoir et de fierté dans les luttes. Montrer que nous avons des propositions et que nous ne sommes pas des statistiques mais des femmes et des hommes, debout. Montrer que la « lutte contre le chômage » ne peut pas se faire contre nous et encore moins sans nous.
- Quelle perspective de plus long terme pour faire aboutir les revendications ?
Il faut redonner confiance en l’action collective, montrer que nous pouvons peser sur les événements et pas seulement y répondre. Le déficit d’action du mouvement social a pour conséquence un émiettement des résistances. C’est le Medef qui choisit le terrain des luttes ! La Marche est un moment fédérateur dont nous devons sortir plus fort, ensemble.
Le choix des dates de la Marche n’est pas anodin. En 1933 la première marche des chômeurs a été un prélude aux rassemblements du Front populaire et à un passage à l’offensive du mouvement social. Les 20 et 21 juin doit se dérouler le deuxième volet de la Conférence sociale dont les chômeurs et précaires sont exclus. Alors que s’ouvrent fin juin les négociations UNEDIC sur les règles d’indemnisation des chômeurs et la formation, nous devons faire preuve d’imagination pour préparer une rentrée sociale sur nos objectifs.
**
Zalie Mansoibou est membre du CA du Mouvement National des Chômeurs et Précaires (MNCP).
Interview paru dans le mensuel Solidaires de juin 2013
Commentaires